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Le "Pétro-foot" au pouvoir des saisons

Publié le par Duméry Maxence

"Les dates de la Coupe du monde ne seront pas juin-juillet. Franchement, je pense que ça se jouera entre le 15 novembre et le 15 janvier au plus tard"

Voilà qui atterrit comme une bombe- ou pas vraiment-, la déclaration du secrétaire général de la FIFA Jerome Valcke au micro de France Info assurant que le mondial 2022 déjà attribué au Qatar depuis 3 ans se jouerait en hiver.

Outre bien les polémiques et suspicions de corruption que soulève déjà ce privilège offert à ce petit émirat de pétrole, voilà une décision qui devrait être lourde de conséquence pour l’institution du football international.

A qui la gène ?

Si l'on en oublie les accusations de graissage de pate des membres votant pour l'élection de ce même mondial (les membres des fédérations continentales-Platoche pour l’UEFA- et les représentants de la Fifa), ou les plaintes déjà posées à l’encontre du traitement accordé aux ouvriers immigrés népalais œuvrant pour les premiers chantiers de l’événement, ce sont maintenant les dates lors desquelles auront lieu la plus grande compétition internationale du monde qui font jaser.

Avec depuis le début un débat à demi-teinte où très peu de clarté avait encore été dévoilé à ce sujet et des alternatives saugrenues déjà évoquées. C’est finalement le décalage de la traditionnelle période de mondial estival qui devrait donc être acté à en croire le dirigeant français de l’instance footballistique.

Certes on pouvait s’y attendre car on imaginait mal les joueurs jouer à 3 heures du matin ou alors sous 50 degrés lors de la période classique. Cependant cette polémique soulève tout de même plusieurs questions.

La décision n’est certes pas encore actée et plusieurs réunions des comités internationaux devraient avoir lieu avant la proclamation définitive en décembre 2014. Mais aucun doute que cette déclaration 11 mois en avance n’a rien d’innocente et il ne serait pas surprenant de voir les fermes opposants monter au créneau dans les prochaines semaines.

Ces opposants sont en effet nombreux à commencer par la totalité des fédérations européennes qui seraient contraintes de reformer l’entièreté de leur calendrier. Décalage de saison, des vacances de joueurs mais surtout réduction de la période de championnat et donc accumulation de match sur une même période (peut être repasser à un championnat à 18 d’ici là ?).

De lourdes complications au niveau national certes mais les plus gros soucis de la FIFA ne se trouvent pas là car s’opposera également à eux un des plus grand lobby mondial qu’est celui des Jeux Olympiques pour qui le chevalement de La Coupe du Monde de Football et des Jeux Olympiques d’hiver n’est pas perçu d’un bon œil. Si les dates indiquées ne semblent cependant pas corroborer, le puissant CIO (Comité International Olympique) devrait tout de même émettre une réserve afin que la période hivernale lui reste entièrement dédiée.

Enfin les dernier réfractaires à cette révolution- et non des moindres- seraient les sponsors et diffuseurs télévisuels - ceux qui injectent de l’argent, beaucoup, beaucoup d’argent- Pour ces derniers la période ne correspond pas à leur grille de programme et notamment pour les deux géants américain FOX et NBC qui diffusent déjà la NFL (l’autre football) à cette même période.

Argent contre tradition

Comme moi, beaucoup de la petite gente verraient leur habitude football estivale bisannuelle bousculée, mais n’a hélas que peu de chose à dire voire aucune. Pourtant c’est bien une histoire de gros sous qui s’agite encore sur nos tête et qui risque probablement de n’avoir aucun écho de nos voix tant la puissance financière des multinationales engagées leur permet de snober les fourmis que nous sommes à leurs yeux.

Fondamentalement cette décision n’impacterait pas sur nos vies, seulement nos traditions. Bien que contraint de faire acte d’une naïveté aveugle certains points se doivent quand même d‘être évoqués.

A la présentation de son projet, le Qatar avait fermement annoncé qu’il serait disposé à faire jouer la compétition en été. Assurant que des moyens financiers seraient débloqués afin d’optimiser la climatisation des stades ou même de bâtir des toits d’ombre au-dessus des terrains. Selon Hassan Al Thawadi, secrétaire général du comité d'organisation nous serons ravis et prêts. S'ils le veulent en été, nous sommes prêts aussi" et pourtant…

L’argument climatique balayé d’une main par la manne financière de Doha avait été le premier critère d’élimination du principal concurrent du Qatar pour la nomination du mondial qu’était l’Australie. Le comité Australien qui avait de son côté soumis l’idée d’un mondial hivernal avait rapidement été exclu de la course et n’a donc pas tardé à déposer une plainte suite aux nouvelles dates évoquées pour le Qatar.

Une injustice bien mal perçue en Océanie bien que pour ainsi dire sans importance voir même arrangeante pour le reste du monde (l’Australie c’est loin, c’est cher et décalé du reste du monde).

De toutes les contraintes précédemment citées ce sont finalement les droits de diffusions qui mènent à poser le plus de questions. Si l’on connait déjà les pouvoirs financiers des chaines américaines, un nouveau réseau émergeant obtient de son côté une bonne carte à jouer face aux diffuseurs officiels et historiques de la NFL qui ne semblent pas pouvoir adapter leur planning pour un mondial hivernal. Je vous le donne en mille, un petit groupe « jeune et dynamique » du nom de BeIn Sport ! Drôle de coïncidence que de retrouver un groupe qatari pour seule chaîne au capital assez important pour accéder à la diffusion américaine de la compétition la plus regardée dans le monde.

Un Qatar qui voit plus loin ?

Qui aurait pourtant douté de la bonne foi des qataris concernant l’installation des infrastructures couteuses pour mettre les stades aux normes ? C’est quand même de bon cœur que si le mondial venait à être décalé en hiver, la chaîne émiratie pourrait se proposer à investir pour l’achat des droits de diffusion. Une somme qui devrait être plus ou moins équivalente à celle exigée par les infrastructures des stades comme les toits d’ombre et la climatisation mais qui semble tout de même beaucoup plus rentable pour eux...

"Business is business" et si là-bas la gandoora remplace le smoking ils n’en sont pas moins redoutables dans les affaires. A la vue des sommes colossales que le petit pays s’apprête à investir pour cet événement il n’en faut pas moins douter de sa générosité.Le Qatar se veut nouveau pays de ballons ronds. D'abord de nouveaux jouets avec le PSG, Manchester City, de prestigieux retraités... Mais si pour le moment l’investissement semble à perte, il ne faudrait pas douter des intentions d’un des plus grands commerçants de pétrole et de gaz naturel au monde. 

Les incontournables énergies fossiles semblent certes amenées à disparaître un jour, mais le Qatar aura probablement d’ici là, le pouvoir d’exploiter une nouvelle essence de vie inépuisable et encore plus influente sur terre : le football.

Le "Pétro-foot" au pouvoir des saisons
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